"Les 80 ans de Johnny" live avec Philippe Almosnino, Yarol, etc.

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« Concert “LES 80 ANS DE JOHNNY HALLYDAY”
par PHILIPPE ALMOSNINO & Co + YAROL POUPAUD + invités,
le 15 juin 2023 au No.Pi / Sub Pigalle (Paris) »

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Concert “Les 80 ans de JOHNNY HALLYDAY”
par PHILIPPE ALMOSNINO & Co

+ YAROL POUPAUD et son groupe

+ invités chanteurs et chanteuses

dans la nuit du jeudi 15 juin
au vendredi 16 juin 2023
de 23 h 25 à 2 h 25

au No.Pi Paris / Sub Pigalle
(3 place de Clichy, 7.5.008) :

Philippe Almosnino jouant avec ses acolytes du Johnny pendant trois heures. Très bon plan pour les fans franciliens du Johnny félin, proposé par Nicolas Ullmann, le maître de cérémonie. Zéro euro l’entrée pour toutes et tous, cela mérite d’être souligné. Jean-William Thoury, JH fan depuis 1960, est au premier rang.

La setlist est constituée à 75 % de titres rapides et/ou säüvägës (“Voyage”, “Rivière”, “Je suis né”, etc.). Ou blues authentique qui vient de là (“Excuse-moi”). Du rock’n’roll, du rhythm’n’blues, de la cainetwuy. Cette vingtaine de morceaux (sur les trente) constituent les meilleurs moments de cette folle soirée rock’n’roll. Quel programme génial, inattendu, inespéré. Immanquable.

Almosnino était l’un des trois guitaristes émérites du “Rester vivant tour” 2015/2016. Ce soir à ses côtés, Frédéric Scamps (clavier, orgue), Fred Jimenez (basse), tous deux du “Born Rocker Tour” 2012/2014. Félix Beguin, guitariste psyché garage metal (qui a succédé à Almos’ au sein du groupe de Yarol à l’été 2019). Le batteur Olivier Ferrarin. Cédric et Vincent, un trompettiste et un saxo, deux membres de Boogie Knights, groupe funk habitué du No.Pi.

Les arrangements conçus par mister Almosnino sont fidèles aux versions originales, selon la méthode yarolesque. Des guitares comme on aime au max’, surf cainetwuy rock roll acérées, mordantes : le pied. En perpétuel filigrane, un gros feeling fifties.

C’est un régal d’entendre tous les sons de guitare de Philippe Almosnino, qu’il s’agisse de chaque solo ou des sons joués en rythmiques. Il est de l’école Vincent Palmer, guitariste-chanteur du groupe Bijou.

Moments fav’ :

Venu pour l’occasion de Nice, habitant désormais Bordeaux, Daniel Marsala démarre avec “Noir c’est noir”. Il chante avec clarté, panache, au rythme et au blues. Il arbore un seyant costume bleu clair qu’aurait pu porter le JH ’76/’79 chez Maritie & Gilbert Carpentier.

Venu de Nice lui aussi, Romuald Valin dégaine “Les coups”. Avec phrasé saccadé inspiré de JH ’66 s’essayant à tâtons au rhythm’n’blues (JH dominera ce style à partir de son album-chef-d’oeuvre “La génération perdue”). Nicolas Ullmann au micro : « C’est marrant, Romuald ressemble à mon pote Thomas Boujut qui est dans la salle ! Vous trouvez pas qu’il ressemble à Thomas Boujut ? »

Gros morceau(x), trois en l’occurrence, pour Yvan Dantzer : “Je suis né dans la rue”, “La fille de l’été dernier”, “Voyage au pays des vivants”. Il est le chanteur-leader de Jour J Heure H (spectacle “Johnny Hallyday Rock’n’Roll Show”), formation tournant beaucoup en Alsace.

Grosse voix solide, adéquate pour ces chouettos rocks des plus virils. Yvan y va franco. Par exemple, merveilleusement bien sur “Voyage” : « Non, non, non, waaaahouuuu !!! », « non, non, ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! » Il a l’étincelle et l’enthousiasme du JHdingofan qu’il est et que nous sommes tous.

Accompagné d’Alex LB (EP “Contre-temps” sur Spotif Deezer) aux chœurs , Thierry, du club Le Pirate à Saint-Tropez, chante “Oh ! Ma jolie Sarah”. Flagrant délit de gueulante, il ne fait pas dans la dentelle. Veste jean neige sans manche, JH fan avant tout, il est là pour faire le rock 1 2 3 4 durant quatre minutes. Tout le monde kiffe (lui, nous le public).

Kevin Chamotte impressionne par sa version vocale de “Rivière… ouvre ton lit”, tout en étant à la troisième guitare. Son chant sent le groove acid rock de l’original JH ’69. Très bon chanteur, avec le look bien Blackburds comme dans l’intérieur de la pochette ouvrable dudit 33 tours.

Artiste 100 % pro, Haylen fera trois semaines plus tard (personne ne le sait encore, pas même elle) la prem’s partie de Chris Isaak à l’Olympia [chronique en ligne en novembre 2023 sur ce site]. Elle a tout d’une grande du blues et du rock et roll. Un public plus large doit savoir qu’elle existe. Les initiés savent qui elle est (album “Blue Wine”).

Elle interprète de façon chaloupée et envoûtante le rockabilly “De l’amour”. Idem quand elle magnifie “Retiens la nuit”. En ’61, JH a encore la voix fluette, ce qui n’est pas le cas de Haylen. Tout en gardant les paroles originales d’Aznav’, elle la transforme en chanson de fille à l’attention d’un garçon. Haylen : « Merci beaucoup ! Faites du bruit pour ces musiciens de dingue ! »

Grand retour scénique à Paris du Toulousain Viktor Huganet après ses deux Boule Noire (18 décembre 2013 + 3 avril 2015). Nouvel album (CD et 33 tours) “Rock’n’roll VO/VF” chez Big Beat Records. Vik’ a écrit sur son site internet quelques jours après le 5 décembre 2017 : “Les rocks les plus terribles” est son Hallyday dixe préféré, et “Rester vivant tour” sa tournée (et disque live) fav’. 100 % dakodak.

Dans le même esprit rock roll säüvägë de Joey & les Showmen, il chante “Laisse les filles”, tout en jouant avec sa guitare. Tel Johnny ’64 aux côtés de Joey Greco, Almosnino, lui aussi à la guitare, se déhanche à ses côtés. Il regarde, l’air ébahi et enthousiaste, Viktor balancer et prolonger son solo, ses sons de guitare faisant des étincelles de tous les côtés.

Vocalement, Vik’ a la gouaille du JH ’60 en plus vigoureux et pas neuneu. La JH voix étant inoffensive sur l’original version de Vogue. “Laisse les filles” live par Huganet/Almosnino (et le groupe), ça rappelle le moment où Vincent Palmer est venu jouer et chanter “Si tu dois partir” de Bijou au “Nikola Acin Tribute” le 27 juin 2008 au Gibus.

Avec conviction et énergie, sans chichis, Jean-Philippe Duval assure impecc’ sur “Le bon temps du rock’n’roll”. Leader de What The Puff, il a le sens du show, sait se mouvoir sur scène quand il faut faire le rock.

Pascal des Cochons dans l’Espace surprend agréablement avec sa version vocale de “Joue pas de rock’n’roll pour moi”. Almosnino & co adoptent une rythmique limite reggae en plus de la base country rock originelle du titre.

“On me recherche” par le Lyonnais Bandini est une réussite cainetwuy second degré. Il est looké en lonesome cow-boy déglinguo-rebelle et prend une voix rugueuse d’un garçon fugitif sur la route. Philippe Almosnino s’en donne à cœur joie pour jouer entre chaque vers des sons de guitare doing-doing-doing à la Johnny Cash/Hank Marvin.

Dans le même très bon esprit décalé, Joro Andriamiadanarivo transforme la médiocre chanson “Jésus-Christ” en un hymne hippie soul. Tout en respectant au mot près le texte de Philippe Labro et la mélodie d’Eddie Vartan, il en fait une relecture à la fois tordante et ultrapro.

Grâce à sa pure voix funk, Joro ne tombe jamais dans le grotesque. Au contraire, il est finement drôle. Pour coller au texte, l’orchestration malicieuse est 100 % babacool. Le tout donne un superbe résultat artistique.

Probable fan du groupe de Ringo, Victor Mechanick reprend avec un entrain rock “Je veux te graver dans ma vie”. Il pousse haut la voix sur le refrain ainsi que pour les improvisations finales. Très convaincant.

Nicolas Ullmann ne prétend pas être chanteur. Pourtant, très simplement, il interprète le blues “Excuse-moi partenaire” d’une belle manière, avec cœur et humilité, tout en se baladant dans le public. Almosnino reproduit les sons de guitare blues pop que l’on entend dans la ’64 version.

Yarol Poupaud monte sur scène avec son groupe habituel : Félix Beguin, le bassiste Pierre Dubost, le batteur Guillaume Dahan. En guise d’électrochocs, il balance trois rafales : “Elle est terrible”, “Le pénitencier”, “Fils de personne”.

Depuis sa sortie le 3 décembre 2022, le CD “Fils de personne” de Yarol, c’est l’œuvre studio labellisée JH que j’écoute(rai à vie) le plus, avec “Les rocks les plus terribles” et “Rivière… ouvre ton lit”. Johnny aurait toujours dû faire ses propres disques studio avec de tels arrangements rock sensass’,
0 % variété, aucun son FM aseptisé dedans.

Yarol y joue de tous les instruments, s’occupant de la réalisation et du mixage. C’est le meilleur album (en dehors des disques live, “Rester vivant tour” étant le summum de ceux-ci) paru au vingt et unième siècle sous la bannière Johnny Hallyday. Avec “De l’amour”, le JH cuvée 2015.

Le CD “Fils de personne” de Yarol, c’est cent fois mieux que “Sang pour sang”, “À la vie, à la mort !”, “Ma vérité”, “Le cœur d’un homme”, “Ça ne finira jamais”, “Jamais seul”, évidemment “L’attente” (tout mou), “Mon pays, c’est l’amour”.

Cette façon démente de jouer “Voyage au pays des vivants”, “À tout casser”, “Rivière… ouvre ton lit”, “Réclamations” : les guitares distordues et malaxées ultrarock par Yarol, c’est génial.

Sur ce CD conçu spécialement pour nous, les fans du JH rebelle, Yarol reprend les supers rocks rapides “Dégage”, “Ô Carole” (à la Chuck Berry plutôt qu'à la Joey  Greco), “Elle est terrible”, “Fils de personne”. Quel pied !

Côté chant, ne pouvant rivaliser avec la JH voice, Yarol opte pour le pas de côté malin. À l’aide d’un genre de microphone tel un transistor philspectorien crachotant, il chante avec sa voix naturelle.

L’alliance de celle-ci et de ses arrangements musicaux font de ce Compact Disc Laser un disque parfait de rock roll hallydesque. L’album “Fils de personne” par Yarol, c’est 100 % (le vrai) Johnny.

Texte & photos du concert :
François Guibert
(25 septembre 2023)