"UN CRI" RACONTÉ PAR SON AUTEUR VINCENT JACOB

Un Bourguignon a écrit la dernière chanson de Johnny Hallyday : "C'était incroyable d'être à ses côtés"

Publié le 01/12/2023 à 15h46
Écrit par Da Silva Nicolas



Vincent Jacob est originaire de Saône-et-Loire, et il a écrit "un cri", la dernière chanson inédite de Johnny Hallyday. • :copyright: Vincent Jacob


Le 16 novembre dernier, une chanson inédite, "Un cri" de Johnny Hallyday, a été dévoilée au grand public. Un titre posthume écrit par un Bourguignon, Vincent Jacob. Pour France 3 Bourgogne, il revient sur ce chapitre extraordinaire de sa vie.

C'est une sacrée ligne sur le curriculum vitæ : "j'ai écrit une chanson pour Johnny Hallyday." Peu de gens peuvent s'en vanter, mais Vincent Jacob l'a fait.

Il est pourtant loin de se douter d'un tel accomplissement lorsqu'il commence la musique, en Saône-et-Loire. Originaire de Chalon-sur-Saône, le jeune homme quitte le foyer familial pour entrer en études supérieures à Dijon. Le diplôme en poche, Vincent Jacob s'envole pour les États-Unis. Il est recruté comme professeur d'éducation musicale au lycée français de Los Angeles.

"J’ai continué ma carrière artistique et j’ai monté un groupe de rock avec celle qui allait devenir ma femme", raconte Vincent Jacob. "On a écumé tous les clubs mythiques de Los Angeles, on a vécu une folle aventure."

Une rencontre qui va tout changer

En parallèle, le professeur écrit des musiques pour d'autres artistes, peu connus du grand public. En 2014, il rencontre Maxime Nucci, également connu sous le nom de Yodelice. Cet auteur et compositeur est un ami de Johnny Hallyday et a écrit de nombreuses musiques pour l'un des plus célèbres chanteurs que la France a connu.

"On s’est retrouvé à faire de la musique ensemble, on s’est très bien entendus sur le plan musical, artistique et humain."

Une rencontre qui va bouleverser la vie de Vincent Jacob. "En 2016, Maxime me recontacte. Il me dit 'je vais rentrer en studio avec Johnny Hallyday. Je cherche des textes.' J’ai saisi cette opportunité incroyable d’écrire pour lui sans savoir que ça allait donner quoi que ce soit."

Pendant un mois, Vincent Jacob va écrire 23 textes, dans l'espoir de voir l'un d'entre eux être sélectionné. "J’étais dans une sorte de transe, de frénésie pendant un mois. Si j’avais une idée, j’écrivais un texte. J’écrivais tous les jours et je les envoyais à Maxime. Sur le moment, je ne savais pas ce que la chanson deviendrait."

La consécration, puis la déception

Un travail quotidien qui va porter ses fruits, puisque Johnny Hallyday tombe sous le charme d'un texte du Bourguignon : un cri. "Je l'ai écrit dans les premiers jours. J’avais une idée précise, je voulais dresser un bilan de la vie de Johnny, évidemment sans savoir que ça deviendrait testamentaire."

Dans cette chanson, Vincent Jacob avoue mettre également un peu de lui. "Je voulais rendre hommage à sa force, et à l’Amérique de ses héros parce que quelque part c'est ce qui m’a aussi amené à traverser l’Atlantique pour aller vivre 13 ans aux Etats-Unis. Je voulais faire de Johnny le héros qui vient trinquer au comptoir de James Dean, Marlon Brando, Dennis Hopper..."

En studio, Johnny Hallyday enregistre une maquette de la musique. Un moment inoubliable pour le jeune homme. Mais la chanson n'aboutira jamais car la star du rock'n'roll décède le 5 décembre 2017. "L’album où devait paraître "un cri" est alors devenu l’album posthume et cette chanson ne collait plus exactement à son orientation. J'étais un peu déçu, mais c’était une belle histoire quand même."

"On va sortir le titre"

Six ans s'écoulent, et Vincent Jacob continue de mener sa petite vie à Los Angeles. En 2022, lui et sa femme attendent un heureux événement et décident de rentrer en France. Ils s'installent à Monaco, et Vincent continue son métier de professeur.

C'est alors qu'une vieille connaissance refait surface. "Je vois que Maxime Nucci m'appelle. Il me dit que le nouveau directeur de Warner Music est tombé sur la maquette dans les archives. Il a adoré le titre et Laeticia Hallyday aussi. Il me dit qu'il s'est remis dessus, qu'il a trouvé un nouvel arrangement qui collait et que le titre allait sortir. Je n'y croyais pas, c’était hallucinant."

Je ne pensais plus vraiment à ce titre. La joie était d’autant plus forte. 

Le jeudi 16 novembre, "un cri" est dévoilé au grand public. Elle est présentée comme la dernière musique inédite de Johnny Hallyday. Sa veuve Laeticia a confirmé à nos confrères de Franceinfo "qu'il n'y en aura pas d'autres."

"C’est assez grandiose de se dire que des millions de fans de Johnny vont découvrir ce morceau. Les retours sont assez fantastiques. J’espère que ça mettra un coup de projecteur sur mon travail, et pourquoi pas travailler pour d’autres artistes", souligne Vincent Jacob.

"Johnny avait les yeux qui brillaient"

Le Bourguignon décrit "Johnny" comme un homme simple, et passionné. "J’ai un souvenir, on s’est retrouvé après un concert à Los Angeles, dans un restaurant. Dans le fond, il y avait du Elvis Presley et il chantonnait. On sentait la passion, la même passion qu'il avait dû ressentir plus jeune lorsqu'il a commencé."

"Sur la table, il y avait des photos de Janis Joplin, Jimmy Hendrix", poursuit le Bourguignon. "Et il nous racontait plein d’anecdotes avec Jimmy Hendrix quand il est allé en tournée avec lui. Et c’était génial, on sentait qu’il était passionné par la musique, ses yeux brillaient lorsqu’il parlait du rock’n’roll."

Un chapitre de la vie de Vincent Jacob qui restera gravé à jamais dans sa mémoire. Car le Bourguignon a réalisé le rêve de milliers de personnes, écrire une chanson pour Monsieur Johnny Hallyday.


https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/saone-et-loire/un-bourguignon-a-ecrit-la-derniere-chanson-de-johnny-hallyday-c-etait-incroyable-d-etre-a-ses-cotes-2882264.html

Deux rebelles à leurs façons :

Ce que je suis, je l'ai arraché à la vie
Ce que je suis, je ne suis qu'un cri
Ce que je suis, je l'ai arraché à la vie
Ce que je suis, je ne suis qu'un cri
J.H.

Je ne suis pas rouge écarlate
Ni bleu ni blanc ni cramoisi
Je suis d’abord un cri pirate
De ces cris-là qu’on interdit
Je ne suis qu’un cri
J.F.